Abstract

En Suisse, comme ailleurs, le manque de confiance de la population dans les autorités publiques rend l’adhésion citoyenne autour de projets urbains toujours plus difficiles (De Montmollin : 2018). Parallèlement à cela, et face à la diversité croissante des populations urbaines, la cohésion apparaît comme un des défis majeurs qui attend la ville du futur (Kaufmann 2014). Dans ce contexte, la participation se dessine comme particulièrement importante pour construire du commun (Pattaroni et al. 2009). La formalisation de projets urbains spatialisés constituerait un instrument propice, aux acteurs de la planification urbaine ainsi qu’à ceux de la société civile, pour interroger et stimuler le débat sur la production urbaine et ses enjeux (Douay, 2013). L’apport du numérique viendrait, selon certains auteurs, requestionner les approches de la panification urbaine, car il modifierait le contexte de production de la ville (Douay, 2013 ; Albarède et al, 2018). Un meilleur partage de l’information redessinerait les questions de gouvernance entre les institutions publiques et la société civile (Albarède et al., 2018). Conscient que les technologies civiques – technologies ayant pour vocation de contribuer au débat démocratique grâce à un renouvellement des formes de participation – ne régleront pas tous les problèmes et que de nouvelles limites voient le jour, elles proposeraient néanmoins de nouveaux dispositifs faisant appel à la créativité collective et susciteraient l’intérêt des divers acteurs (Beaude, 2015 ; Lecoq, 2017 ; Douay, 2018). C’est en tout cas dans cet environnement que de nombreuses institutions publiques suisses se questionnent sur l’intégration les citoyens aux projets de la ville. Dans ce papier, nous nous questionnerons dans un premier temps sur la mise en place de ces technologies civiques en Suisse : les formes qu’elles prennent, les modalités de participation qu’elles proposent, les conditions de mise en œuvre (internalisation ou externalisation des services, coordination entre dispositif en présentiel ou à distance, etc.), ainsi que sur les buts et les attentes qui leur sont attachés ou encore sur les objectifs opérationnels de leur déploiement. Dans un deuxième temps, nous ancrerons ces résultats dans un débat plus large, à savoir, le liens entre les formes des dispositifs et le statut accordé à la participation. Ces résultats permettront d’apporter quelques éléments à une discussion plus générale : l’intégration du technologies civiques dans les dispositifs participatifs en matière d’aménagement du territoire permet-elle d’augmenter le champ de la démocratie participative, ou, est-elle un nouvel imaginaire « modernisé » de la participation citoyenne ?

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