Abstract

Bâtiment abandonné, ruine moderne, fantôme urbain, squelette immobilier, structure désaffectée… Une variété d’appellations pour tenter de circonscrire, au moins par les mots, le phénomène d’abandon de fragments entiers de villes. Cet abandon, qu’il soit partiel ou total, temporaire ou durable, est examiné ici au prisme du « potentiel » que pourrait représenter la survivance de ces structures. Ciblant 12 études de cas, cette première édition des Cahiers du Laboratoire d’Étude de l’Architecture Potentielle (LEAP) convoque autour de cette thématique la discipline architecturale, l’histoire de l’art et la sémiotique. De Montréal à Berlin, de Détroit à Turin, la variété des contributions est organisée autour de quatre tensions interrogeant le statut de ces structures (monumentalité/monument), leur échelle (architecture/urbanisme), les figures qu’elles cristallisent (utopie/ruine) et les imaginaires qui s’y développent (résistances/potentiels). Les auteurs le montrent : les grandes structures urbaines abandonnées, loin d’être condamnées à l’inertie, sont des vecteurs de mémoire collective, de projets potentiels, d’imaginaires multiples, mais aussi de réévaluation critique de nos sociétés contemporaines. Dès lors, la grande structure urbaine abandonnée ne peut plus seulement être du ressort de l’économie ou de la planification foncière : l’entrelacement complexe des dimensions matérielles, techniques, sociales et culturelles la constituant invite les architectes à investir les réflexions portant sur sa survivance.

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