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Abstract

L’hétérogénéité de la population des centres urbains européens est souvent présentée comme une cohabitation de divers groupes (ethniques, nationaux, sociaux). L’article questionne cette perspective en se demandant comment — dans des immeubles dont la population reflète la mobilité internationale, les inégalités socioéconomiques mais aussi la diversification des modes de vie — les individus eux-mêmes perçoivent cette hétérogénéité. À travers des entretiens avec des résidents de quatre immeubles de Genève, j’analyse la manière dont ils décrivent leurs voisins. Plutôt que de les classer en groupes et de se référer à « nous » et à « eux », les interviewés combinent des catégories qui varient selon le voisin dont il est question. Toutefois, même pour les anciens résidents, certains voisins restent des inconnus dont ils ignorent jusqu’à l’existence. J’interprète ceci comme une conséquence de la grande hétérogénéité de la population étudiée, mais aussi de la moindre visibilité des voisins et de leurs activités, ainsi que de l’absence, à l’échelle des immeubles du moins, de réseaux de voisinage stables et soudés. Ainsi, loin d’être toujours des espaces d’interconnaissance, les immeubles s’apparentent à une juxtaposition d’espaces privés (les appartements) et quasi publics (les parties communes), où la coexistence passe par des formes de retenue et d’indifférence à l’égard des autres et de leurs différences

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