Changer le mode de vie, changer la mobilité : voiture et sobriété
La présente thèse prend acte du réchauffement climatique et des injonctions à changer les modes de vie pour qu'ils gagnent en sobriété. Elle s’inscrit dans le mouvement de recherche qui vise à changer les modes de vie à partir de transformations dans les modes de déplacement en faveur des mobilités nonautomobiles. Nous faisons l’hypothèse que c’est en prenant en compte l’ensemble des dimensions du mode de vie que l’on analyse avec efficacité les changements de modes de déplacement chez les habitants, en particulier pour comprendre comment s’abandonne la voiture. Ce cadre appelle une description fine des apprentissages selon un appareil théorique adapté à une sociologie du changement de mode de vie axée sur la notion d'ascèse. On en retire une analyse des exercices choisis et formalisés du changement de mode de vie en général et de leurs formes adaptées à la mobilité. On saisit comment leurs influences adviennent durant des moments précis du parcours de vie - des chocs de malléabilité -, comment elles participent à des choix d'idéaux de vie ou bien au contraire contreviennent à ceux-ci - particulièrement du point de vue de la liberté et de la représentation de l'effort -, ce qui peut freiner ou arrêter l'apprentissage du nouveau mode de vie. Par cette description, on montre la possibilité du changement et la gamme des apprentissages possibles - du choix de la voiture partagée à son rejet total, de la vie urbaine à l'autoproduction en milieu rural -. Les habitants qui quittent la voiture et apprennent à vivre plus sobrement en sont les témoins, ils sont aussi les premiers expérimentateurs des exercices du changement. Nous rapportons leurs expériences et celles d'habitants qui s'éloignent de l'apprentissage d'une vie sobre, au travers de 53 entretiens qualitatifs. Ils ont été conduit en Suisse, avec des amateurs de la mobilité, qu'elle soit active, en commun ou bien automobile. De plus, nous avons mené l'analyse secondaire du changement de mode de vie de 14 habitants décroissants, grâce à leurs entretiens à la presse militante. On obtient ainsi pour résultat des descriptions d'expériences de changement et de freins aux apprentissages, des points de vue des idéaux de vie, des compétences, des rapports sensibles à l'environnement - entre immersion et insularisation - et aux possibilités de se déplacer en général. Cela permet d'identifier des patterns du changement, à la fois selon des phases d'entraînement et d'habituation et une dynamique de d'apprentissage relative à la poursuite d'un idéal de vie. Ces idéaux appartiennent au militantisme politique et à l'engagement associatif, au néo-ruralisme, au christianisme et à la spiritualité en général. Enfin, on fournit des enseignements et des recommandations sur les exercices et les influences à proposer pour changer la mobilité et les modes de vie ‘ notamment, un permis pour la mobilité, un travail sur les représentations des modes de vie sobres, des lieux pour s'y former, une palette d'exercices. De la sorte, ce travail de thèse participe à une sociologie du changement de mode de vie et à une ascétique contemporaine.
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