Abstract

La profonde mutation de l’espace albanais suite à l’ouverture en 1991 se traduit par le développement soutenu de l’aire métropolitaine Tirana-Durrës et la perte de vitalité de la quasi-totalité du reste du territoire albanais. Le caractère sans doute unique dans le contexte balkanique des dynamiques récentes du peuplement en Albanie plonge ses racines dans ses singularités en termes démographiques, mais aussi dans la politique de développement territorial appliquée durant un demi-siècle par le pouvoir communiste. Ainsi, avec une natalité très élevée, une mortalité faible, un gel des migrations internationales et un strict contrôle des migrations intérieures et de l’urbanisation, l’Albanie se présente-t- elle en fin de 20e siècle avec une population presque triplée depuis la guerre, mais toujours rurale dans sa majorité. De là, le premier recensement réalisé dans l’Albanie postcommuniste en 2001 permet de comprendre les mutations dramatiques consécutives à l’ouverture du pays: rupture brutale entraînant un exode massif vers les villes (Tirana en particulier) et vers l’étranger (la Grèce et l’Italie), ainsi qu’une baisse tardive mais significative de la natalité. Le second recensement (2011) met lui en évidence celles des tendances qui s’inscrivent dans la durée et autorise ainsi un discours sur les perspectives à plus long terme : métropolisation de l’aire Tirana-Durrës, relative perte de substance du reste du tissu urbain, large déprise rurale. Cette différentiation profonde du territoire national est enjeu majeur auquel l’Albanie s’efforce de répondre, comme en témoigne l’adoption récente par le Parlement d’une réforme territoriale importante. Cette contribution propose, après la mise en exergue de ses spécificités, un décryptage des évolutions et basculements dans l’organisation et les dynamiques de l’espace albanais, en particulier dans les dernières années.

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