Les rachats d'actions par émission d'options de vente négociables en Suisse
Ce travail s’intéresse aux rachats d’actions par des sociétés suisses qui distribuent à leurs actionnaires des options de vente (option <i>put</i>) gratuites et négociables (<i>Transferable Put Rights</i>). A l’issue de recherches sur les autres marchés, il apparaît que cette procédure de rachat est aujourd’hui une particularité du marché helvétique.<br><br>Une étude des programmes de rachat de 13 entreprises entre 1993 et 2004 a permis de mettre en évidence que le volume total d’échange des options peut être décrit par une relation linéaire avec la volatilité du titre sous-jacent, sa rentabilité moyenne et la prime de rachat. Les coefficients sont positifs pour les trois. Les volumes quotidiens de l’option sont par contre plus difficilement explicables. A partir de données résumant l’activité journalière de chaque titre et de chaque option <i>put</i>, il est possible de montrer que l’écart entre la valeur intrinsèque et le prix de l’option, connu sous le nom de <i>valeur-temps</i>, dépend fortement des caractéristiques propres aux titres sous-jacents.<br><br> A titre d’exemple, le programme de rachat de l’entreprise <i>EMS-Chemie</i> a été étudié de façon détaillée. Le prix de son option peut être reproduit relativement bien par une relation linéaire avec le prix du titre sous-jacent. L’application du modèle de <i>Black</i> et <i>Scholes</i> indique un écart de 2.1% entre le cours de l’option théorique et le cours observé, montant pouvant correspondre aux frais de transaction prélevés par les intermédiaires financiers suisses. La décroissance parabolique de la valeur-temps avec le temps, prédite par la théorie, n’est pas observée dans le cas <i>EMS</i>. L’analyse des volumes indique que plus de la moitié des transactions sur les options est réalisée sur des volumes inférieurs ou égaux à 500 <i>put</i> par transaction.<br><br>L’étude d’événement à court terme, utilisant la méthode de <i>Fama</i>, <i>Fisher</i>, <i>Jensen</i> et <i>Roll</i> (1969), a mis en évidence une rentabilité anormale (moyenne cumulée) significative sur les deux jours avant et les deux jours après l’annonce, s’élevant à + 4.7%. Ces résultats sont très proches de ceux obtenus par <i>Isakov</i>, <i>Dumont</i> et <i>Pérignon</i> (2004).<br><br> Trois méthodes ont été utilisées pour calculer la rentabilité anormale à long terme et celles-ci aboutissent toutes à la même conclusion, à savoir que la performance des entreprises suisses, ayant racheté leurs actions avec une émission d’options de vente, ne présente aucune anomalie significative. Enfin, la comparaison des techniques d’analyse montre que la méthode de <i>Fama</i>, <i>Fisher</i>, <i>Jensen</i> et <i>Roll</i> (1969) diverge d’autant plus des deux autres méthodes que l’on s’éloigne de la date d’annonce. La procédure de calcul du <i>Return Across Time and Securities Method</i> de <i>Ibbotson</i> (1975) et celle des rentabilités anormales par achat-conservation (BHAR) sont, quant à elles, à peu de choses près équivalentes.
Billeter, Master thesis, HEC - University of Geneva, 2004.pdf
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