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Abstract

Les villes africaines sont actuellement en pleine croissance, tout comme la quantité de données numériques qu’elles génèrent. Dans ce contexte, le Centre Excellence in Africa (EXAF) de l’EPFL, avec le soutien de l’Ambassade de Suisse au Sénégal et du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) suisse, a organisé un colloque intitulé « Num-Urb » (le numérique appliqué à l’urbain) en juin 2022 à Dakar, au Sénégal. L’objectif de ce colloque était de favoriser un dialogue critique sur l’utilisation des technologies numériques dans les villes africaines et de comprendre comment le numérique pourrait contribuer à améliorer durablement la vie de leurs habitants. Cet événement faisait partie d’une réflexion plus large sur le rôle du numérique dans l’espace urbain africain, initiée par un concours de master (Num-Urb) que le centre EXAF avait lancé en 2021. La cérémonie de remise des prix de ce concours s’est d’ailleurs déroulée en marge du colloque. Les idées développées dans le présent document sont alimentées par la synthèse des trois tables rondes du colloque qui ont vu se succéder des expertes et des experts du monde de la recherche, du secteur privé, ainsi que des collectivités publiques : - Mme Gaëlle Gibon, Directrice de l’Agence Francophone de l'Intelligence Artificielle, - M. Abdoukhadre Diagne, CEO à Synapsys Conseils, - M. le Docteur Djibril Diop, PDG du Think-Tank Observatoire de la nouvelle ville, - M. Séname Koffi Agbodjinou, anthropologue et architecte à l'Africaine d'Architecture, - M. Léandry Jieutsa, urbaniste à UN Habitat, - M. Patrick Emmanuel Somy, urbaniste au Bureau National d’Études Techniques et de Développement en Côte d’Ivoire, - Mme Scarlett Zongo, Directrice de Cité Branchée à Ouagadougou, et enfin - le Dr Seydina Moussa Ndiaye, Directeur de programme à l’Université Virtuelle du Sénégal – UVS, le tout sous la houlette du Dr Jérôme Chenal, de l’EPFL. Les enseignements tirés des échanges du colloque sont synthétisés dans ce document, par exemple la nécessité de considérer le numérique comme une infrastructure qui doit être améliorée pour augmenter l’efficacité des services urbains. Il a aussi été clairement recommandé de renforcer ou de mettre en place un cadre règlementaire afin d’accompagner le développement des technologies numériques. La formation des acteurs urbains dans le domaine des technologies numériques a également été mise en avant, pour les urbanistes de demain comme pour ceux d’aujourd’hui. Finalement, tous les participants et les participantes du colloque ont insisté sur l’importance d’accompagner le développement du numérique en Afrique pour que cette technologie n’agisse pas comme un amplificateur d’inégalités sociales. Un autre enseignement majeur apporté par le projet Num-Urb est la nécessité de combiner les efforts de tous les acteurs clés (acteurs académiques, organisations internationales, gestionnaires des villes, etc.) pour permettre le déploiement optimal des technologies numériques en tant que moteur de l’urbanisation durable du continent africain. Ainsi, les recherches de pointe effectuées par les étudiantes et les étudiants ayant participé au concours Num-Urb ont démontré la nécessité de s’appuyer sur les chercheuses et les chercheurs du continent, en particulier les plus jeunes d’entre eux, afin d’optimiser la gestion des villes de demain. En conclusion, il ne fait aucun doute que l’adoption des technologies numériques représente une formidable opportunité pour les villes africaines, à condition d’être correctement anticipée, encadrée, règlementée et pensée comme un outil et non pas comme une solution à part entière. À ce titre, l’Afrique dispose encore d’une marge de manœuvre intéressante. En effet, bien que l’application des technologies numériques en milieu urbain y progresse très rapidement, il est encore possible d’anticiper de nombreuses facettes de son développement.

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