Résumé

À partir d’une enquête par entretien et observation menée auprès d’habitant·es du canton de Genève, en Suisse, cet article étudie le rôle de la musique dans la constitution d’un « pouvoir domestique masculin » et la manière dont ce pouvoir est modulé par la classe et la configuration conjugale. Une première partie révèle les modalités de la domestication de la musique selon le genre et la classe, et dégage trois logiques principales à travers lesquelles les hommes assoient la légitimité de leur pratique d’écoute et sa primauté sur celle de leur conjointe : la défense d’une « passion » pour la musique, la forte intensité de l’écoute (volume, fréquence, attention) et la mise en avant de compétences techniques. Une deuxième partie analyse ensuite la façon dont l’écoute musicale masculine contribue à l’exercice d’un contrôle sur l’organisation spatiale et sonore de la sphère domestique. L’article montre que l’appropriation masculine de l’espace domestique par la musique est plus marquée chez les classes supérieures et dans les couples hétérosexuels caractérisés par une forte distance sociale entre conjoints au profit des hommes.

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