Abstract

Les repair cafés, lieux publics où se rencontrent des bénévoles férus de technique et des consommateurs en prise à des objets défaillants, constituent un observatoire privilégié de gestes, compétences et savoirs privés, généralement soustraits au regard des sociologues (pour des exceptions, voir Harper 1987 et Orr 1990) et a fortiori des historiens. Plutôt que d’étudier les repair cafés sous l’angle politique, en les voyant comme des lieux de résistance à l’obsolescence programmée (Slade 2007) ou comme des « théâtres alternatifs de l’industrie » (Rosner et Turner 2014), je propose dans cette communication de centrer l’analyse sur ce qu’ils révèlent de la réparation en tant que pratique épistémique. En présentant les résultats d’une ethnographie de deux repair cafés en France (Paris et Annecy), je me concentrerai sur deux éléments cruciaux : premièrement, la relation entre le bénévole et le visiteur, conçue non pas comme une relation de service mais comme le lieu d’une transmission de savoir-faire ; deuxièmement, l’élaboration collective d’un corpus de fiches et de recettes, véritable entreprise de réduction en art des pratiques de réparation, jugée nécessaire par les acteurs pour rationaliser l’activité et répondre à la multiplication des objets et des pannes.

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