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Abstract

Le 20 septembre 1770, les frères Jean-André et Guillaume-Antoine Deluc, deux savants genevois, atteignent enfin, après deux tentatives infructueuses, le sommet du Mont Buet (3096m). Depuis ce belvédère sur les Alpes et le Mont Blanc, ils réalisent des expériences de physique et multiplient les observations météorologiques, géologiques, ethnographiques. Le récit pittoresque de leur ascension suscite d’autres vocations : dans les années 1770, les genevois Marc-Théodore Bourrit, Horace-Bénédict de Saussure et Marc-Auguste Pictet s’y rendent à leur tour pour répéter les expériences des Deluc et réaliser leurs propres observations. Ces expéditions contribuent à transformer la montagne en « laboratoire de la nature », selon l’expression de Saussure. En septembre 2020 et août 2021, deux cent cinquante ans après la première ascension, un groupe d’historiens des sciences suivent à leur tour plusieurs chemins jusqu’au sommet du Mont Buet pour reconstituer les expéditions historiques des savants genevois. Ils emportent avec eux deux copies du baromètre conçu par Jean-André Deluc, répliquent les expériences des années 1770 et documentent leur ascension grâce à l’aide d’une photographe, d’une dessinatrice et d’une artiste sonore. Dans cette communication, je reviendrai sur les enjeux, apports et limites de cette expérience de reconstitution historique, en insistant sur trois propositions initiales du projet : 1) reconstituer l’activité scientifique sur le terrain, plutôt que dans le contexte contrôlé du laboratoire ; 2) saisir la montagne comme milieu vécu plutôt que comme lieu géographique ; 3) lier étroitement recherche historique et médiation scientifique, en produisant des inscriptions contemporaines faisant pendant aux représentations (textes, gravure, dessin, tableaux) des acteurs historiques.

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