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Abstract

Saint Louis, Missouri, est une ville moderne. Le système sur lequel elle est établie est obsolète: son plus grand défaut est la grille, trop vaste, trop dense, trop chère à entretenir. La modernité de Saint Louis tient dans sa lutte permanente contre la grille, faisant de chaque projet un projet infrastructurel, en conformité avec son temps. La ville est un laboratoire spéculatif, l’exaltation de modernités successives. Le complexe Pruitt Igoe est sûrement l’illustration la plus évidente de la stratégie du « blight ». Fléau parce qu’à Saint Louis l’infrastructure première est la population noire. C’est elle qui construit la ville selon le bon vouloir d’investisseurs qui rachètent à la ville des portions de plus en plus grandes de la grille, la vident, ses habitants avec. Un « blight » est à l’œuvre aujourd’hui. 700 hectares, un investisseur, deux grands projets. Et ironie, en son centre se trouvent les ruines de Pruitt Igoe. Le projet répond au cahier des charges de l’investisseur. L’objet spéculatif par excellence, la tour de 432 Park Avenue à New York, se couche dans le territoire. Dans cette barre sont relogés les habitants ; d’un côté, le vide de la grande histoire, de l’autre la densité spéculative. Les programmes des deux grands projets se nourrissent de leur contexte. Entre les espaces servants du CBD et ceux de la barre, la ville se forme autour de grands vides dialectiques qui concentrent les circulations. Elle s’en nourrit jusqu’à s’en soustraire, jusqu’au prochain « blight » et le départ de la population noire.

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