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Autoroute 75. Depuis Stockholm, l’automobiliste dispose de quinze minutes pour oublier la Swedish Grace de la capitale. Sortie 6, commune de Sickla. Le gigantesque giratoire qui s’élève au-dessus des voies rapides accueille les visiteurs dans un crescendo motorisé. Ici, l’industrie manufacturière laisse progressivement place à l’industrie immobilière. Cette mutation lente produit un tumulte de temporalités opposées : la permanence des habitants, la régularité des travailleurs, la fugacité des automobilistes. Une périphérie comme tant d’autres, où la monotonie du trafic semble avoir déteint sur le paysage ; même les promeneurs avancent en cruise control, les yeux rivés sur de petits écrans. Cependant, Sickla reconstitue son unité au sein du rond-point. Ancré entre les voies, le bâtiment semble avoir été toujours là. Sa nudité est semblable aux entrepôts voisins : depuis que l’attractivité du cyberespace a surpassé celle de l’espace, l’architecture a enfin pu se délester de l’esthétique superficielle. À première vue banale, l’austérité des matériaux révèle toutefois une double fonction perceptive. Leur ambiguïté maintient le regard captif, prisonnier de rythmes sans mesure, de transparences et de reflets instables. L’expérience sensorielle imprévisible extirpe le promeneur distrait de son rêve électronique. Le conducteur somnolent se réveille, la monotonie de la ville générique est brisée.

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