Abstract

Si le concept de rythme est issu d’une longue tradition conceptuelle dans les domaines de la Philosophie et de la Sociologie, il apparait particulièrement pertinent aujourd’hui dans un contexte plus global d’accélération sociale et de bouleversement des rythmes hérité des sociétés industrielles. Il est d’autant plus pertinent dans la mesure où cette accélération se trouve contrariée par la situation de crise sanitaire que nous traversons actuellement. En effet et comme l’indique les prévisions relatives à la croissance du PIB, celui-ci va connaitre un net recul au cours des périodes 2020 et 2021. Il s’agit bien ici d’une inflexion inédite du rythme de la croissance. Cet exemple peut paraitre de prime abord trop général pour évoquer l’idée d’une rythmologie, pourtant il est frappant de sens et se trouve repris par une large partie de la presse internationale et spécialisée en économie. En exemple, il est également possible d’évoquer les multiples inflexions rythmiques en matière de mobilité et d’activités individuelles et collectives. En se matérialisant à travers, une limitation des déplacements, un recours aux circuits courts, la crise sanitaire a également redistribué les cartes des régimes rythmiques quotidiens. Le confinement et la limitation de la mobilité a contribué à la redistribution des activités au sein des différents lieux de vie. L’espace domestique s’est par exemple mué en bureau, en salle de sport et en lieu privilégié des loisirs et plus largement de la vie quotidienne, impliquant aussi une mise en perspective de fortes inégalités aux niveaux des conditions de logement. In fine, les régimes rythmiques quotidiens se sont trouvés bousculés et ont pris des formes inédites. Si ces régimes rythmiques traduisent concrètement la nature des comportements et les inflexions historiques dont ils font l’objet, l’études de ces régimes apparaissant dignes d’intérêt pour la recherche en sciences sociales à deux titres. Tout d’abord, les régimes rythmiques témoignent des comportements et des aspirations d’une époque. Il est peu risqué d’affirmer que les rythmes de vie d’aujourd’hui contrastent avec ceux du 19ème siècle, non pas en termes d’intensité mais de nature et de configuration spatiotemporelle. Ensuite, les régimes rythmiques permettent de penser la société en mouvement en s’éloignant des analyses figées des stocks et des flux pour analyser les phénomènes sociaux et spatiaux. A partir des théories et des recherches qui se sont appuyées sur le concept de rythme, ce chapitre esquissera les principes d’une ryhtmologie.

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