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Résumé

Le 8 mai 1815, Claude-Pierre Molard, alors administrateur du Conservatoire des arts et métiers, est élu dans la section de mécanique de la première classe de l’Institut (la première classe retrouvera, dès l’année suivante, son autonomie en tant qu’Académie des sciences). Devançant d’autres praticiens comme l’inspecteur général des monnaies Philippe Gengembre ou l’horloger Abraham Breguet, mais aussi des théoriciens comme Jean Nicolas Pierre Hachette ou le jeune Augustin Louis Cauchy, Molard siègera plus de vingt ans à l’Académie. D’emblée, il occupe une place singulière dans une institution dont les contours et la portée ont considérablement changé depuis l’Ancien Régime, sous l’effet d’un double processus de professionnalisation de l’activité scientifique et de séparation de plus en plus stricte entre science et industrie, ou, si l’on veut, entre science et technique. Molard n’y présente en effet aucun mémoire personnel ; en revanche, il joue un rôle essentiel dans une activité qui, en dépit de l’évolution de l’Académie, signe une importante continuité avec le XVIIIe siècle : l’examen savant des inventions, à travers les commissions individuelles ou le Prix Montyon de mécanique, fondé en 1819. Cette communication propose de suivre les activités de Molard à l’Académie des sciences, de 1815 à 1837, en posant une double question – l’une biographique, l’autre institutionnelle. D’une part, à travers son activité de praticien, via sa participation à de nombreux examens et rapports d’inventions, est-il possible de distinguer une pensée spécifique de la technique chez Molard ? Qu’est-ce qu’une bonne invention selon Molard, et quel rôle doivent jouer l’expertise savante et les considérations d’économie politique dans leur évaluation ? D’autre part, à travers l’exemple de Molard, qu’est-ce que nous apprend la persistance de l’examen savant des inventions sur l’Académie des sciences pendant le premier tiers du XIXe siècle ? Alors que se sont multipliées les institutions qui discutent et évaluent les techniques nouvelles – du Conservatoire des arts et métiers aux Expositions des produits de l’industrie, en passant par la Société d’Encouragement pour l’Industrie Nationale et de multiples autres sociétés –, comment l’Académie est-elle amenée à repenser son rôle dans l’examen des inventions ? Quelles en sont les conséquences sur la pensée des rapports entre science et technique ?

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