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Abstract

À l’intérieur des récits de la modernité architecturale, et au-delà dans sa divulgation générale, l’Existenzminimum, associé au deuxième Congrès International d’Architecture Moderne, est très souvent cantonné à un caractère évènementiel, étudié en tant que moment. La présente contribution entend ainsi négocier un certain décloisonnement des principes établis en octobre 1929, selon l’hypothèse d’une trajectoire plus vaste des idées : de leurs antécédents – admis ou présumés – au dessin de leurs possibles expectatives. L’approche synchronique qui caractérise ses principales relectures critiques ont permis à l’Histoire de reconnaître l’un de ses marqueurs, dont la connaissance extrêmement précise n’a pas manqué de relever toute l’importance. Cependant, une célébration aussi localisée dans le temps pourrait aussi constituer son principal revers : le cantonnement d’une pensée à un contexte spécifique, ou son abandon dans l’un des jalons du siècle précédent. Or une fois désolidarisé de son socle moderne, et allégé d’un certain nombre de ses connotations idéologiques, l’Existenzminimum apparaît comme un tout autre sujet d’étude. Il se montre non plus comme projet, mais comme programme ; devenant le thème d’un questionnement plus large, et sans doute encore d’actualité, sur les conditions architecturales et normatives d’une habitabilité partagée, d’une existence commune. Les fondations d’une « existence minimale » convoquent notamment l’optimal dans l’architecture vernaculaire, puis l’anticipation d’ordinaires efficients par certains protagonistes de la modernité naissante tels que Henrich Tessenow, et son introduction dans les dimensions collectives de la Siedlung avec Otto Haesler. L’héritage du second CIAM, confronté à la mise en crise d’un excès d’égalitarisme, se formalise principalement dans la figure controversée du Grand ensemble. Enfin, ses perspectives privilégiées pourraient se dessiner à travers certaines jonctions prospectives liées à la pratique contemporaine du cluster dans l’habitat groupé. Un tel parcours se propose d’identifier autant les ruptures et continuités architecturales, que les usures et résistances sémantiques qui les accompagnent. L’Existenzminimum ou l’existenzoptimum ? Type, norme ou standard ? ou la nécessité permanente de recomposer de nouveaux ordres collectifs.

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