Abstract

Les débris plastiques accumulés dans l’océan mondial représentent une quantité considérable de plusieurs dizaines de millions de tonnes. Les microplastiques sont de minuscules fragments de plastique de diamètre compris entre 1 µm et 5 mm. Ils résultent soit de la dégradation de macroplastiques soit de la dispersion de microplastiques (MP) présents dans les détergents, les produits de soin corporel, etc. L'accumulation de particules microplastiques dans l'environnement aquatique représente une préoccupation émergente. En effet, ces petites particules peuvent être ingérées par les organismes vivants et provoquer des effets physiques et /ou toxicologiques. Ce sont également des surfaces d’adsorption et des vecteurs pour de nombreux polluants en particulier des substances hydrophobes. De nombreuses études ont documenté la présence de microplastiques dans les milieux aquatiques et la contamination du biote mais les impacts sur les organismes aquatiques sont peu connus à ce jour. Ce travail visait à caractériser les microplastiques présents sur des plages au niveau des principaux gires océaniques (Odyssée Race for Water 2015) puis à mesurer leur toxicité sur cellules (lignée RTLW1) et embryons et larves d’un poisson modèle le médaka Japonais, Oryzias latipes. Aucune toxicité n'a été observée pour les microplastiques commerciaux quels que soit l'essai biologique et le mode de contamination utilisés. Il a été en revanche montré que la densité et la composition des microplastiques varie selon les plages ainsi que les concentrations en HAP, PCB et pesticides organochlorés adsorbés. Les extraits organiques (DMSO) de ces plastiques n’ont pas induit d’effets aigus ni sur cellules ni sur embryons. En revanche, une induction significative de l’activité EROD, des dommages à l’ADN (test des comètes) a été observée sur cellules comme sur embryons pour certains échantillons (Hawaï). Par ailleurs, chez les larves à l’éclosion la croissance et le comportement natatoire ont été affectés. Enfin, des larves nourries pendant 30 jours avec un aliment enrichi en MP (0,1%) ont vu leur survie et/ou leur croissance et leur comportement natatoire affectés. Cette étude démontre pour la première fois l’écotoxicité potentielle de microplastiques collectés en milieu naturel et pose la question du risque que font peser ces particules sur les écosystèmes aquatiques.

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