Abstract

La présente recherche vise à problématiser la capacité des sols infrastructurels – sols anthropisés situés dans l’emprise d’une infrastructure et dont la structure pédologique se trouve modifiée par celle-ci (Morel et Chenu 2014) – à assurer conjointement des prestations urbaines/infrastructurelles (en particulier liées à la mobilité) et écosystémiques (stockage, production, filtration ou régulation de matières et d’énergies) (Spirn 1984). Fondée sur une redéfinition du périmètre théorique et spatial des « objets » infrastructurels (Strang 1996; Bélanger 2009), cette problématique implique, d’une part, de situer l’approche pédologique dans une approche fine des différents contextes urbains et infrastructurels et, d’autre part, d’observer l’épaisseur des sols urbains et en particuliers infrastructurels – trop souvent considérés en tant que surface neutre (Craul 1992). Au-delà d’une application protective et à sens unique en terme de land use (McHarg 1969), la mise en relation de l’état pédologique des sols avec leur exploitation infrastructurelle doit alors contribuer à mettre en évidence un véritable système éco-urbain (Cadenasso, McGrath et Pickett 2013), à travers trois hypothèses/objectifs : d’une part, les sols infrastructurels peuvent êtres considérés autrement que comme des sols dégradés par rapport à un état pédologique naturel et relèvent d’une nouvelle taxinomie ; d’autre part, la redéfinition du rapport entre fonctions urbaines et fonctions écosystémiques permet de faire apparaître un nouveau type de ville-territoire ; enfin, l’apparition des sols infrastructurels correspond à des processus particuliers et potentiellement réversibles, permettent d’envisager parallèlement l’histoire d’une imperméabilisation et le projet d’une perméabilité. La méthodologie envisagée pour mener à bien cette recherche consiste donc à effectuer un transfère épistémologique depuis l’écologie scientifique – modélisation des écosystèmes naturels (Odum et Odum 1959; Forman et Godron 1986) – vers les systèmes infrastructurels-urbains afin d’en comprendre les agentialités complexes. Son application effective repose sur une prise en compte des interactions entre les éléments formels, de la spatialisation de fonctions – notamment à travers la notion de micro-environnent – et des différentes chronicités cycliques et linéaires. Par ailleurs, le périmètre des cas d’étude ne doit pas être donné a priori, mais doit constituer un des principaux enjeux de la recherche liée à la redéfinition de l’objet d’étude (sols infrastructurels) et des entités géographiques (ville-territoire).

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