Abstract

L’individu hypermoderne (Lipowetsky, 2004) effectue ses déplacements quotidiens principalement par la « route ». Ce temps du transport, intermède entre deux points, a surtout été abordé comme un temps perdu. Les guides touristiques ne parlent plus de la route validant l’hypothèse de « l’effet tunnel » et d’un déplacement « hors sol ». Au delà de l’esprit de liberté véhiculé par les écrivains voyageurs (Kerouac, 1960) et passé le mythe moderniste du désenclavement et de l’accessibilité, la route rime avec insécurité, encombrements et pollutions. On la dit « apaisée » mais au quotidien, elle est aussi devenue un symbole de la routine et des navettes domicile-travail. On s’y sent encadré, surveillé et contrôlé par les caméras et les radars. Pourtant la route n’est pas qu’un réseau technique. En effet, elle est un espace paradoxal, à la fois très pratiqué et assez peu investi par les sciences humaines. En géographes, et sur la base de travaux de recherche engagés depuis une dizaine d’années (Gwiazdzinski & Rabin, 2007, Arc 7, 2013) nous proposons d’explorer la route comme un ensemble de systèmes en interaction (localisation, temps, déplacements, production, usages, acteurs, représentations), un territoire (Debarbieux, 2003). Nous montrerons que la route est « habité » au sens d’Eric Dardel (1952). Elle est pratiquée par des populations sédentaires ou mobiles qui y passent au moins une partie de leur vie : chauffeurs routiers, gens du voyage, SDF. Les conclusions de nos enquêtes seront exposées sous la forme de représentations cartographiques animées et de films.

Details

Actions