Abstract

De nombreuses manières de représenter la mobilité sont proposées par la littérature scientifique. D'une part, les dessins et plans d'architectes fournissent des représentations traditionnelles, précises et à finalités constructives, d'infrastructures de transport (Chapel,2010). D'autre part, les cartographes ont fournis un grand nombre de documents qui permettent de figurer les chemins empruntés et empruntables par les habitants en déplacement (Farrauto, Ciuccarelli, 2011). Les raffinements les plus contemporains des travaux en visualisation (Manovich, 2010) ont introduits le réseau en tant que figure maîtresse (Lima, 2011 ; Munster, 2013). Se sont développés, des réseaux mobiles et immobiles, afin de représenter les flux de voyageurs, de marchandises, d'informations qui circulent dans les espaces urbains. Si les réseaux introduisent à l'étude des flux d'individus, l'expérience habitante reste négligée (O'Rourke, 2013), c'est-à-dire la mobilité au-delà du déplacement et des transports. Elle est pourtant d'autant plus importante que les paradigmes dominants de l'architecture et des sciences sociales se concentrent désormais sur les pratiques habitantes (De Certeau, 1990 ; Illich Ivan, 2005 ; Rapoport, 1969 ; Lynch, 1996 ; Norman, 2002). Or, celles-ci restent le plus souvent invisibilisées, par manque de travail de représentation. C'est la tâche à laquelle cette communication s’attelle : représenter les expériences habitantes pour permettre un questionnement empirique de la genèse des compétences et du développement des pratiques de la mobilité. Pour ce faire, sera proposée une figure, que l'on peut nommer trajectoire, qui permet de figurer à la fois les compétences habitantes, les événements de leurs naissances et de leurs disparitions, ainsi que les processus de développement de celles-ci. Cette représentation s'inspire des élans figuratifs de Tim Ingold (2007; 2015), qui propose de concevoir les pratiques par des lignes. Cette tentative de représentation est mobilisée dans ma thèse, afin de rendre compte des évolutions des compétences et des pratiques habitantes, de mobilité, pour identifier les points de ruptures, et potentiellement les reproduire en vue de changements de pratiques ultérieurs par des politiques adaptées. La figure est articulée entre des lignes verticales qui signifient des pratiques, dont la longueur informe de la durée du développement de celles-ci, et des lignes horizontales qui représentent des événements qualifiés. Une fois visualisée les trajectoires des pratiques habitantes, il devient possible d'analyser visuellement, selon des patterns, des dizaines de trajectoires habitantes. Ainsi, sont interrogeables, l'influence des rythmes de vie et de déplacement sur les rythmes d'apprentissage de compétences (Rosa, 2013 ; Schönfelder, Axhausen, 2010; Michon Pascal, 2007). Si la tentative était systématisée, et poussée à plus grande échelle, elle permettrait de questionner empiriquement et en détail l'habitus (Bourdieu, 1992 ; 2003 ; Bourdieu, Wacquant, 1992) – de l'être pratiquant malléable ou cristallisé –, autrement dit de la genèse des pratiques. Cet outil de représentation, à vocation tant empirique que théorique, est le fruit d'un travail de thèse sur les changements de pratiques de mobilité, qui demandait une représentation adéquate pour être questionnées. Mais, il s'agit aussi d'un travail qui se poursuit en collaboration avec Dario Rodighiero (2016), doctorant EDAR, et avec le laboratoire de Data visualisation de l'Université de Fribourg, afin de produire une application en ligne. Celle-ci aura pour objectif de rendre automatisée la production de visualisations des pratiques, de trajectoires, à partir de données propres à chaque utilisateur. Ainsi, partant d'un intérêt figuratif, se croisent développements méthodologiques prochainement mis en commun, et retour sur les pratiques habitantes dans l'urbain.

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