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Abstract

Un réseau est une série de liens qui se rejoignent en des noeuds. Cette figure est topologique et ses limites sont ouvertes (Lévy 1994, p. 77 ; Lévy, Lussault 2003, p. 795-796 ; Lussault 2007, p. 131). Le réseau permet une prise en compte du plus grand nombre d’acteurs, quelle que soit leur puissance d’agir et leur taille (Akrich et al 2006), bien que ce poids puisse ensuite être déterminé (voir par exemple Sassen, 2002). Cette métaphore spatiale est mobilisée ainsi, en vue de conserver l'inquiétude quant à la possibilité selon laquelle un être jusque-là insignifiant puisse affecter les actions (Viveiros de Castro Eduardo 2009, p. 23), mais elle ne nous dit rien quant à sa substance. Ainsi, le réseau entraîne un accroissement des perceptions et de la représentation des acteurs en présence dans toute leur diversité (Murdoch, 1997), mais il encoure dans le même temps le risque de l’indistinction. Dans ce texte volontairement porteur de controverses, j’interroge l’esthétique scientifique (Feyerabend, 2003, p. 40 ; p. 44) que met en oeuvre le réseau : notion, manière de percevoir la réalité, et de la représenter. Une esthétique scientifique est un mode d’interrogation formel de la réalité, auquel correspond une représentation le plus souvent visuelle. Et les controverses scientifiques portent notamment sur les bonnes formes d’interrogation de la réalité. De ce fait, les écoles de recherche sont parfois contradictoires entre elles, et finalement incompatibles, notamment pour juger le succès des unes et des autres (Feyeraband, 2003, p. 98). Le réseau en tant que forme d’interrogation et de représentation de la réalité repose sur des postulats esthétiques, qui informent aussi de prémisses politiques. Je prends le parti d’explorer l’esthétique du réseau, car le réseau constitue l’une des figures fondamentales des sciences de l’espace, que celles-ci ont exporté au coeur des théories contemporaines du social fondées sur la relation.

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