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Abstract

«L'architecture fonctionnelle, qui a fait table rase de tout superflu, ne produit que des étuis pour béotiens confectionnés par des experts, ou bien des usines égarées dans la sphère de la consommation, qui n'ont pas la moindre relation avec ceux qui les habitent: de tels logements sont une gifle donnée à la nostalgie d'une existence indépendante, qui de toute façon n'existe plus. L'homme moderne souhaite dormir près du sol comme un animal, c'est ce qu'affirmait avant Hitler un magazine allemand avec un masochisme prophétique, supprimant ainsi la frontière entre la veille et le rêve en même temps que le lit lui-même.» ; [Adorno, Theodor W., Minima Moralia, 1951.] ; ; Nous vivons dans un surplus de luxe qui nous paralyse. Nous manquons de logements mais nos standards nous poussent à construire trop cher. Les démunis n'ont pas de quoi se loger. Certains, les plus chanceux, ont droit à une nuit en dortoir, sous terre. On ne meurt plus de froid mais est-ce là vraiment une vie? En 2013, la ville de Lausanne ferme vingt toilettes publiques pour des raisons économiques. Au lieu d'être transformés, ces espaces sont barricadés. En plein centre-ville, ils deviennent des vides inaccessibles. Il y a là l'opportunité d'offrir une maison, même petite, à des gens qui n'en ont pas. Ces vides deviennent la promesse d'une vie indépendante pour des hommes qui dorment à même le sol. Le rêve chasse la veille et l'aisance s'installe.

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