Abstract

On propose de revenir ici sur les effets réciproques des production de la ville et production de l’art. En repartant de l’enchevêtrement entre « mondes de l’art » et « culture alternative » – pour reprendre la formule de R.Williams – et, ce plus particulièrement à Genève où ces mondes étaient fortement mêlés au mouvement squat, on verra comment la production de l’art – utilisée dans la production de la ville par le truchement des théories de la « ville créative » – est transformée par la production de la ville. Les transformations du capitalisme (entendu ici comme mode de production et comme gouvernementalité), ont eu un effet sur ces mondes de l’art et donc de l’artiste qui s’y engage. Si Becker identifiait quatre possibilités pour un artiste (autofinancement ; mécénat ; subvention ou commercialisation), les transformations de la ville contemporaine et plus précisément l’évolution du ratio revenu/loyer (logement + lieux de production – i.e. création ET diffusion) ont redistribué ces possibilités et réduit les modalités d’autofinancement. On reviendra ici sur le rôle que jouent ces transformations de la ville dans la déliquescence du modèle « romantique » de l’artiste et partant, sur les implications politiques de son engagement dans le « travail ». Ce dernier point implique de repenser deux points cruciaux : a) la relation travail-capital et donc la distinction emploi/travail ; b) les liens entre travail et subjectivation. On verra comment ce modèle « romantique » perdure par l’inscription salariale hors monde de l’art (y compris pour des artistes de renommée internationale) ainsi que par certaines politiques sociales (cf. intermittents et précaires).

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