Abstract

Pour Antoine Furetière, lexicographe et écrivain du 17e siècle et auteur du Dictionnaire universel (1690), tous les termes des arts et des sciences sont le mortier qui assure cohésion et résilience à l’édifice du langage. Ainsi, les mots servant à décrire non seulement l’architecture, mais aussi les corps de métiers techniques et artistiques et le génie des bâtisseurs de son époque fondent en quelque sorte le langage: ils témoignent de la capacité des hommes à façonner leur environnement et ainsi, à produire science et savoir. L’acte de bâtir et la formation du langage se trouvent ainsi intimement liés. Pour Furetière, l’environnement bâti comme l’espace social se construisent à la fois par le savoir théorique et le savoir-faire pratique, mais aussi, et surtout, par le biais de l’usage – des espaces comme des mots – auquel Furetière attribue un rôle majeur dans la production de sens, de vérité, de connaissances. Dans le contexte de la modernité, l’entreprise de mise en forme du langage que propose Furetière constitue un moment charnière, à cheval entre la tradition humaniste de la Renaissance et l’esprit encyclopédique des Lumières. Grand défenseur de figures de la rhétorique qui permettent de voiler la vérité pour la faire mieux surgir, Furetière fera aussi l’apologie de l’approche empirique qui verra apparaître les diverses disciplines que l’on connaît aujourd’hui, avec leurs bases théoriques et leurs langages respectifs. Les nouveaux besoins liés à la collaboration interdisciplinaire et à la diffusion des savoirs vers un large public appellent cependant à envisager des modes de communication transversaux qui, au-delà des barrières linguistiques, permettent des échanges et une collaboration efficace. L’étude historique des transformations langagières à l’œuvre dans notre tradition architecturale permet, dans un premier temps, de mieux comprendre les fondements épistémologiques du champ disciplinaire lié au bâti et, en retour, de dégager des pistes de réflexion pour le développement futur de nouveaux outils de communications. Dans notre exposé, nous évoquerons quelques formes langagières de transmission du savoir, puisées dans le contexte historique commun à nos disciplines actuelles. De la fable à l’équation mathématique, l’attention portera sur le rôle créatif de l’interlocuteur propre à ces divers modes d’expressions, toujours dans un rapport à la mise en forme de l’espace construit.

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