Abstract

l existe une ambiguïté sur la réalité de la présence de l’espace au cinéma. On pourrait dire que le cinéma est, par excellence, un art spatial. En fait, on peut discuter, avec des arguments forts, cette évidence apparente. Cet article s’intéresse plus particulièrement aux films de géographie, qui cherchent à montrer l’espace habité et l’habiter de cet espace avec la visée d’augmenter l’intelligence de cette dimension du monde social. Ce texte développe son propos en deux temps. D’abord, il s’emploie à montrer le caractère extrêmement lacunaire de la présence de l’espace dans la production cinématographique comme environnement et de la spatialité comme agir, qui contribuent l’un et l’autre à géographicité. Ensuite, l’idée qu’il est possible d’ouvrir de nouvelles voies à l’association entre sciences sociales de l’espace et cinéma est avancée et précisée. Cette démarche conduit à proposer de desserrer l’emprise du cinéma populaire de fiction (et de son avatar le « documentaire ») et d’établir des liens avec des courants esthétiques de l’histoire du cinéma plus propres à entrer en résonance et avec la géographicité et avec les sciences. L’article se termine par un « manifeste » qui énonce dix principes pour un cinéma scientifique de l’espace habité. The relationship between space and cinema is ambiguous. Cinema can be seen as a spatial art par excellence. However it can be argued that space has only a very indistinct presence in film. Starting from this proposition, this article explores the ways that can lead to the inclusion of space in films. The text focuses on geographic films, those which aim at showing inhabited spaces and spatialities of inhabiting in order to increase our comprehension of this dimension of the social world. The argument is developed from two viewpoints. First, the weak presence of space in cinematographic production as an environment and of spatiality as an agency both contributing to geographicity is analysed. This situation is related to the predominance of certain particular expressions of cinematographic languages. Second, the idea that it is possible to open new paths towards the association between social sciences of space and cinema is put forward and developed. Such a perspective implies loosening the grip of large-audience fiction cinema (and of its ‘documentary’ avatar). In correlation, this leads to establishing fresh ties with aesthetic trends that might be in resonance with geographicity as well as sciences. Finally, the article proposes a ‘manifesto’ in ten principles for a scientific cinema of the inhabited space.

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