Résumé

Nous assistons à la concomitance de la mondialisation de la politique et de la nationalisation d’Internet. La politique est en effet une œuvre magistrale, subtile et délicate par laquelle un monde devient commun. Elle organise la coexistence afin de rendre acceptable l’altérité. La politique exige en cela une acceptation profonde des inégales valeurs au sein d’une société et entre sociétés. Or, l’espace est l’une des dimensions de cette altérité. En œuvrant à abolir l’espace, Internet risque finalement d’être aboli par l’espace. Car l’espace ne s’abolit pas. Les individus appartiennent certes à des espaces multiples, mais la politique est structurée autour de territoires sur lesquels elle appuie sa légitimité. Le Monde est un horizon politique probable et de plus en plus souhaitable pour l’humanité, mais cet espace ne dispose toujours pas de la légitimité suffisante pour organiser Internet, sa croissance et son adéquation à des intérêts divergents. C’est pourquoi les réactions nationales à l’universalisme supposé d’Internet risquent d’être redoutables si les enjeux politiques d’Internet ne sont pas mieux considérés dès à présent.

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