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Abstract

En architecture, l’invention peut être un objectif, mais l’utilisation d’éléments déjà fabriqués est permanente et inévitable. Il semble plausible d’avancer que certains architectes s’intéressent de près aux objets ready-made, orientant leurs réflexions et la conception qui en découle pour aboutir à un résultat similaire au Readymade duchampien. La thèse essaie de donc de retracer le phénomène des objets ready-made en architecture, leurs influences théoriques, et leur appropriation architecturale. Certes, l’art et l’architecture sont deux domaines proches qui ne cessent de s’influencer l’un et l’autre. Mais il faut souligner un décalage profond de nature qu’entretient la contradiction de position face à l’utilité. La recherche commence donc par la comparaison entre le Readymade artistique et architectural. Les objets de l’« installation technique » sont des exemples révélateurs : leur production est exclusivement dominée par l’industrie, leur installation fixe est rendue inévitable par le développement du système de tout-à-l’égout, enfin leur présence trouble l’idéal de l’art total. Certains architectes modernes, comme Le Corbusier, les considèrent comme des objets trouvés et conçoivent leur disposition au-delà de la simple fonctionnalité. L’idée d’anoblir des objets ready-made se répand vite aux autres objets de l’intérieur du bâtiment. L’architecture est ainsi conçue comme une salle d’exposition d’objets anonymes, inattendus, voire provocateurs. Le concept du Readymade touche aussi la construction et la conception de l’architecture. L’art de bâtir devient l’art du catalogue, reprenant la composition, le collage, le montage, l’assemblage, la répétition ou l’accumulation des éléments standardisés, des matériaux banals, etc. L’observation des objets ready-made influence aussi la conception architecturale : l’objet devient modèle de l’architecture. Tel est par exemple le cas de la « maison comme auto », depuis Le Corbusier jusqu’aux avant-gardistes d’après-guerre, de la « machine à habiter » (autonome) à la brique à habiter ou « dwelling capsule » (jetable). Si cette dernière vision futuriste se traduit aujourd’hui au travers de quelques exemples contemporains de conteneur ou serre, une autre voie s’ouvre par ailleurs : plutôt que l’objet trouvé, il s’agit de sa forme - c’est-à-dire la forme trouvée - qu’il faut s’approprier. L’opération transformative devient alors aussi essentielle que le choix d’une forme existante.

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