Résumé

Les dynamiques ségrégatives à l’œuvre dans les métropoles contemporaines font l’objet d’une attention particulière de la part des acteurs universitaires et des décideurs politiques. Elles renvoient, d’un point de vue général, à des regroupements et des séparations entre les citadins, et sont généralement appréhendées sur la base des localisations résidentielles (quartiers aisés et quartier défavorisés par exemple). Pour enrichir cette approche, cette thèse se propose de considérer parallèlement ségrégation résidentielle et comportements de mobilité quotidienne. A l’échelle temporelle de la journée, cela permet de passer d’une ségrégation immobile à une ségrégation mobile, et d’une approche des ménages à une approche individuelle. Quatre métropoles contemporaines ont été analysées avec une visée comparative, Niamey au Niger, Puebla au Mexique, Lyon en France et Montréal au Canada. Ce choix a imposé la mise au point d’une méthodologie originale, commune aux quatre cas et basée sur des données d’enquêtes-ménages transports. A partir d’une typologie résidentielle pour chaque ville, les activités réalisées par les citadins ont été étudiées, ainsi que trois formes de pratique de la ville : l’immobilité, la mobilité exclusivement locale et la pratique des pôles d’activités. Cette stratégie d’analyse a permis de mettre en évidence des populations urbaines « sensibles » à leur localisation résidentielle (en particulier les chômeurs et les sans-activité). Les comportements de replis associés dépendent plus de caractéristiques individuelles que d’effets liés au quartier de résidence (effets d’enclavement limités aux chômeurs lyonnais et montréalais). Il ressort également que la différence de nature dans les activités réalisées limite la ségrégation résidentielle –économique- dans les deux villes du Sud, et –démographique- dans les deux villes du Nord. Les populations aisées se dirigent en proportion plus grande vers les pôles d’attraction, à l’exception des Poblanais les plus riches. A Niamey, la persistance de l’opposition Ville Blanche/Ville Noire, héritée de la planification coloniale française des années 1930, 1940 et 1950, a également pu être soulignée. Elle tend à renforcer la ségrégation des citadins niaméens dans leurs espaces du quotidien. Des régularités sociales, démographiques et économiques ont finalement été mises en évidence, elles permettent de confirmer l’idée que les dynamiques ségrégatives à l’œuvre dans les métropoles contemporaines gagnent à être étudiées sur la base des comportements quotidiens en termes de mobilités et d’activités. Des prolongements pourraient être envisagées à ce travail de recherche exploratoire, pour optimiser l’approche statistique (recueil des données sur une base hebdomadaire, zonages plus réguliers), et pour préciser divers effets de seuil suggérés par les résultats (sur les effets d’enclavement de certains quartiers par exemple).

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