Virtualités. Régimes d’historicité et individus contemporains
Dans les entretiens recueillis à Genève, les discours généraux et abstraits sur le futur sont rares. Cela ne signifie pas que le futur soit absent des paroles et des imaginaires. C’est peut-être seulement que nos instruments pour le détecter sont inadaptés. Le slogan « No future ! » ne fait que signaler l’effondrement des mythes historicistes, mais pendant ce temps, les projets ont pris leur place. Cela s’explique pour l’essentiel par l’augmentation des marges de manœuvre biographiques que les individus ont acquise. Plutôt que dans la conjecture d’une « privatisation » progressive du futur, c’est à travers la relation entre projets individuels et dynamique des sociétés qu’il faut analyser les régimes d’historicité contemporains. Dans cette perspective, l’hypothèse d’un basculement de la morale vers l’éthique offre des lunettes efficaces pour observer cette auto-organisation des futurs. Ceux-ci peuvent dès lors être définis ainsi : un ensemble ouvert et modeste de potentialités non encore actualisées que portent des acteurs au sein d’environnements sociétaux en mouvement.
2013
Décembre 2013
REVIEWED